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Quand le Grand Mix aide la prison à libérer la créativité vidéo - La Voix du Nord
lundi 21 novembre 2016, par
Quand le Grand Mix aide la prison à libérer la créativité vidéo - La Voix du Nord
►http://www.lavoixdunord.fr/65998/article/2016-10-28/quand-le-grand-mix-aide-la-prison-liberer-la-creativite-video
Pour la première fois, le Grand Mix a organisé un atelier audiovisuel au centre pénitentiaire d’Annœullin. Huit détenus, déjà rompus aux techniques vidéo, ont imaginé et créé trois vidéos d’animation avec deux artistes : Loup Blaster pour le côté graphique et Numérobé pour le son. Reportage à l’intérieur des murs.
Par ANNE COURTEL | Publié le 28/10/2016
Ce jour-là, Antonio et Dominique peaufinent le décor de leur vidéo. Ils ont reconstitué une… cellule de prison avec des bouts de carton et de la récup. Ils ont également écrit le scénario et commencent l’animation. « C’est une personne qui écrit un courrier pour s’inscrire sur les listes électorales. Son co-détenu engage la conversation sur la politique mais on a voulu que ce soit plutôt drôle. » Saïd, le formateur, vient leur expliquer comment animer leurs personnages à l’aide d’un enchaînement de photos. Les deux hommes écoutent. Cela fait plusieurs semaines qu’ils suivent une formation audio vidéo et ils étaient volontaires pour cet atelier d’une semaine. « On en découvre un peu plus chaque jour. Moi, je n’avais jamais touché un ordinateur ; aujourd’hui, je sais travailler les sons. Cela nous passionne même le soir en cellule, on réfléchit à notre vidéo », confie Dominique. Antonio renchérit. « On oublie que l’on est entre quatre murs, ici. Ça nous évade même si nous avons reproduit notre quotidien pour cette vidéo. »
Les métaphores de la détention
Plus loin, Khaled a lui dessiné son synopsis avant de le mettre en scène. L’histoire d’un SDF qui regarde passer les voitures dans un tunnel dont on ne voit pas le bout. Une métaphore de la détention. « J’ai écrit l’histoire et je ferai la voix off. Je trouve cet atelier plaisant et enrichissant. Je n’ai aucune prétention, je veux juste apprendre quelque chose. » Sur le tableau blanc, ses dessins semblent s’animer autour de voitures griffonnées sur un carton. Plus loin, Ismaël a, lui, recréé l’arche de Noé avec ses animaux enfermés pour gagner la terre promise. Il réfléchit à animer ses animaux et à créer des sons. Le producteur de musique, Numérobé, est là pour les aider. « On les guide pour trouver les sons et ensuite, on leur apprend à se servir d’un logiciel gratuit qu’ils pourront retrouver dehors pour continuer à faire des montages. » Comme un lien entre l’intérieur et l’extérieur.
« Chacun aura apporté sa connaissance. Ici, on redonne une place à l’humain »
Saïd assure, depuis quatre ans, cette formation audio vidéo au sein du centre de détention. « Certains y participent depuis un an et ont maintenant de vraies connaissances alors qu’ils peinaient avec l’écriture ou l’ordre chronologique. » Mais surtout, cette formation, ouverte aux longues peines, peut leur permettre de mieux accepter les conditions de détention. « Il y a ici un esprit de groupe, de resocialisation. Si on réussit à créer quelque chose, ce sera le succès du groupe. Chacun aura apporté sa connaissance. Ici, on redonne une place à l’humain. »
Les quatre clips, créés pendant cette semaine avec les deux artistes du Grand Mix, seront rassemblés sur un CD qui sera remis aux participants.
La mission du Grand Mix
La salle de concert tourquennoise n’est pas qu’un lieu de diffusion. Dès sa création, le Grand Mix a souhaité développer de nombreux projets en direction de différents publics. Que ce soit à l’école, à l’hôpital, en maison de retraite, le Grand Mix intervient pour sensibiliser à l’art. « Nous ne sommes pas spécialistes des formations mais, en revanche, nous avons les contacts avec les artistes », explique Juliette Callot, responsable de l’action culturelle.
Depuis dix ans, le Grand Mix propose des concerts dans les prisons. Mais cette fois, les responsables n’ont pas voulu se contenter de la diffusion. Pour la première fois, trois ateliers sont menés (aux centres pénitentiaires de Lille-Annœullin, de Sequedin et de Quiévrechain).
Après Annœullin, c’est la maison d’arrêt des femmes de Sequedin qui accueillera une artiste folk, Saso. « Il existe une nursery à la maison d’arrêt de Sequedin. Cela nous a donné l’idée de faire des ateliers d’écriture pour inventer des comptines. Mais cet atelier sera ouvert à toutes les femmes qui le souhaitent et pas seulement à celles qui ont leur enfant avec elles. La création de comptines devrait permettre l’extériorisation des émotions. » Les comptines seront compilées sur un CD, qui pourra faire un beau cadeau de Noël.
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